L'expérience originale en 2 minutes
2 minutes pour comprendre le déroulement de l'expérience de Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité.
Le jeu de la mort
Le Jeu de la mort est un documentaire écrit par Christophe Nick, réalisé par Thomas Bornot, Gilles Amado et Alain-Michel Blanc et coproduit par France Télévisions et la Radio télévision suisse1 en 2009. Diffusé pour la première fois en mars 2010, il met en scène un faux jeu télévisé (La Zone Xtrême) durant lequel un candidat doit envoyer des décharges électriques de plus en plus fortes à un autre candidat, jusqu'à des tensions pouvant entraîner la mort.
La mise en scène reproduit l'expérience de Milgram réalisée initialement aux États-Unis dans les années 1960 pour étudier l'influence de l'autorité sur l'obéissance : les décharges électriques sont fictives, un acteur feignant de les subir, et l'objectif est de tester la capacité à désobéir du candidat qui inflige ce traitement et qui n'est pas au courant de l'expérience. La différence notable avec l'expérience originelle est que l'autorité scientifique est remplacée par une présentatrice de télévision, Tania Young.
Le producteur de l'émission, Christophe Nick, présente son documentaire comme une critique de la télé réalité. Pour sa part, la directrice des magazines et documentaires de France 2, Patricia Boutinard-Rouelle, déclare que la chaîne a toujours refusé la télé-réalité, mais là, c'est intéressant de tester les limites d'un genre, de jouer avec cet outil.
Jean-Léon Beauvois a assuré la direction scientifique de l'émission et a publié, notamment avec Didier Courbet et Dominique Oberlé, plusieurs articles sur cette expérience de téléréalité (dans European Review of Applied Psychology (2012, no 62) qui en analysent les résultats et les replacent dans le contexte social.
La première partie du documentaire est diffusée sur TSR 2 le 12 mars 2010 suivie d'un débat le 16 mars 2010 dans Infrarouge (émission de télévision suisse), puis le 17 mars 2010 sur France 2 en première partie de soirée également suivie d'un débat en plateau, présenté par Christophe Hondelatte, en présence de deux des candidats (l'un étant allé jusqu'au bout, l'autre – une candidate – ayant quitté le jeu avant la fin), de Christophe Nick, d'Alexandre Lacroix (rédacteur en chef de Philosophie Magazine, partenaire du documentaire), de Fabrice d'Almeida (historien), de Claude Halmos (psychanalyste), de Géraldine Muhlmann (agrégée de philosophie et présentatrice télévisée), et de trois journalistes spécialisés dans l'analyse de la télévision (David Abiker, Jean-Marc Morandini et Isabelle Morini-Bosc).
Résultats
Bien que les participants aient été informés qu'ils ne gagneraient aucune somme d'argent puisqu'ils étaient censés participer à une émission test, l'autorité du contexte télévisuel et de l'animatrice amène les participants à se soumettre. Selon les premières estimations, le taux d'obéissance est de 81 % ; le documentaire compare ce résultat aux 62,5 % obtenus lors de l'expérience originale, mais oublie de préciser que plusieurs reproductions de l'expérience, aux États-Unis ou en Europe, ont donné des taux supérieurs à 80 %.
De plus, les différences entre l'expérience originale de Milgram et La Zone Xtrême limitent la comparaison des résultats. Les différences principales entre les deux versions sont les suivantes :
Les participants reçoivent 5 injonctions dans la version de France Télévisions au lieu de 4 dans la version de Milgram, dont :
- L'injonction « nous assumons toutes les conséquences », présente seulement dans des variantes de l'expérience originale
- La présence d'un public (qui intervient à la cinquième injonction) ;
- La mise en jeu fictive d'une somme d'argent (même si les candidats étaient avertis qu'ils ne gagneraient rien, l'argent est une raison invoquée dans la quatrième injonction) ;
- Le rôle de la télévision (qui a notamment incité 15 % des candidats de La Zone Xtrême à dire qu'ils avaient considéré qu'il était impossible que la télévision laisse souffrir un être humain).
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