1992 : 49 % des Français votent « non » au traité de Maastricht. 2005: 55 % des Français votent « non » au traité constitutionnel européen. 2017: au total, 48 % des Français votent pour des candidats qui, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, proposent de quitter tout ou partie de la construction européenne...

De façon stable, un Français sur deux est donc souverainiste. Il n'existait pourtant pas, jusqu'à présent, d'ouvrage académique consacré au souverainisme. Pour la première fois, le souverainisme est présenté dans toute sa profondeur historique et dans sa dimension mondiale : la guerre d'indépendance américaine, l'éclatement de l'Autriche-Hongrie, la politique de De Gaulle. 

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Alors que le sujet du souverainisme est central depuis plusieurs décennies dans le débat politique français, le politologue Thomas Guénolé publie un «Que sais-je ?» sur le sujet.

Alexandre Devecchio - Vous expliquez dans votre livre qu'il existe quatre grandes familles du souverainisme. De quoi s'agit-il ?

Thomas Guénolé - Il existe en effet quatre grands types de souverainisme : ethnoculturel, civique, marxiste-révolutionnaire, et économique. Les trois premiers diffèrent dans la façon de définir la nation qu'ils veulent défendre...

  • Pour le souverainisme ethnoculturel, la nation est une communauté organique, culturelle avant d'être politique, fondée sur les coutumes, les traditions, la langue. Les souverainismes qui travaillaient l'Empire d'Autriche-Hongrie, en particulier hongrois et tchèque, sont de très bons exemples.
  • Pour le souverainisme civique, la nation n'est ni culturelle ni organique : elle est contractuelle. C'est une communauté politique de citoyens, qui reconnaissent son existence, qui consentent à y appartenir, et qui veulent collectivement qu'elle continue d'exister. Le souverainisme américain contre la puissance coloniale britannique est un cas d'école : l'indépendance de la nation est proclamée uniquement au nom de la volonté commune des citoyens qu'elle existe.
  • Pour le souverainisme marxiste-révolutionnaire, la souveraineté n'est pas un but en soi, c'est un moyen au service de la révolution. Obtenir l'indépendance ou l'autonomie est un simple outil permettant d'accomplir la révolution quelque part. Le souverainisme vietnamien face à l'empire colonial français, avec pour chef de file Hồ Chí Minh, est un bon exemple.
  • Le souverainisme économique préconise l'indépendance économique nationale, ou a minima davantage d'autonomie, vis-à-vis de ce système économique planétaire – principalement au moyen du protectionnisme.

Voir l'article complet « Qu'est-ce que le souverainisme ? » en ligne sur le site du Figaro.

"Le Souverainisme" Broché de Thomas Guénolé (Auteur) – 5 janvier 2022 est actuellement disponible sur Amazon.

Thomas Guénolé est politologue, maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique (CEVIPOF). Ancien membre de La France Insoumise, il a publié Le Livre noir de la mondialisation : 400 millions de morts (Plon, 2020) et Le souverainisme dans la collection Que sais-je ? (PUF, 2022). - Alexandre Devecchio est Journaliste au Figaro.

Commentaires

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Paul Richard
lundi 10 janvier 2022 03:24
Attention à l'effet Sciences Po M. Guénolé Non, le protectionnisme n'est pas le principal moyen du souverainisme pour retrouver l'indépendance économique nationale. Il ne saurait s’agir de fermer les frontières. Il s’agit en vérité de recouvrer une souveraineté par des libres échanges choisis, maîtrisés, équilibrés. Certains naïfs estiment que notre nécessaire souveraineté consiste à pouvoir produire sur le territoire national le triptyque médicaments, vêtements, nourriture. Consommer local et circuits courts voilà la nouvelle doxa... qui oublie par exemple l’énergie qui n’est pas toute renouvelable! La vieille autarcie des années 1930 est habillée aujourd’hui d’habits verts, rouges ou noirs... Il convient, de façon plus nuancée et plus efficace, de retrouver de la liberté stratégique, qui ne se confond pas avec une totale autonomie mais avec une authentique indépendance, c’est-à-dire avec la capacité à refuser les dépendances fabriquant mécaniquement de l’insécurité nationale. (Le Figaro.fr, Comment instaurer un véritable patriotisme économique? https://tinyurl.com/2p86yztx )
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